mercredi 30 novembre 2011

Tauromachie ( thème proposé par Véronique )


Un fin rayon de lumière filtrait à travers les lattes de son enclos. Ce dernier était si étroit que ses flancs reposaient contre les parois et si court qu’il ne pouvait ni avancer, ni reculer, sans parler de se coucher…
Peinant à respirer par cette chaleur étouffante, il se léchait régulièrement le museau pour tenter de récupérer quelques gouttes d’humidité. Les clameurs de la foule résonnaient en un grondement continu, effrayant, entrecoupé de « Olé !!! » qui le faisait sursauter.
Sa nervosité grandissait, frustré de ne pouvoir ruer pour se libérer de cette cage en bois, de ne pouvoir bouger d’un pas.
Un claquement retentit derrière lui, sans qu’il put en déterminer la source et la luminosité augmenta quelque peu.
Soudain, une douleur fulgurante envahit sa cuisse gauche, lui arrachant un meuglement désespéré et la porte s’ouvrit, béante, laissant pénétrer une lumière aveuglante.
Il profita de cette occasion pour se propulser à l’extérieur, laissant sa rage si longtemps contenue s’exprimer, soufflant et ruant, le regard fou.
La foule hurlait de plus belle, tout autour de lui, sans qu’il ne comprenne rien à ce qu’elle tentait de lui dire.
Mais l’énergie qui l’habitait ne semblait vouloir se dissiper, il voulait détruire quelque chose, avait besoin de sentir une résistance pour l’anéantir.
Il tournait, ruait, cherchant un obstacle lorsqu’il aperçut quelque chose qui s’agitait au loin. La cible parfaite. Un humain. Un bourreau. Un monstre.
Et il chargea, forçant ses pattes puissantes à projeter son corps vers l’avant, gagnant en vitesse à chaque mètre parcouru, soulagé d’avoir enfin un objectif vers lequel orienter sa rage.
Plus que quelques mètres.
Soudain, la moitié de sa cible sembla s’évanouir dans l’air, disparaissant sans laisser de trace. Instinctivement, il bascula légèrement sur la droite pour tenter d’accrocher le morceau qui restait.
Deux choses arrivèrent simultanément : D’abord, quelque chose s’enfonça entre ses omoplates, diffusant une onde de douleur dans sa colonne vertébrale. Puis sa corne droite accrocha l’humain, qui poussa un hurlement de douleur. Le poids soudain sur sa tête firent saillir les muscles de son cou, sans toutefois le ralentir.
Fou de rage, il secoua la tête, sentant le corps de son bourreau se trémousser pour tenter de se dégager, frappant son front de ses petits poings ridicules.
Il le jeta à terre, tel un vulgaire sac et le piétina allègrement sentant les os se briser sous ses sabots tandis que le sang du monstre se répandait sur le sable brûlant.
D’autres humains s’approchaient maintenant, lentement en agitant des morceaux de tissu. Mais il était calmé, et ivre de satisfaction d’avoir annihilé son pire cauchemar, il se préparait à renouveler l’opération.
Il recula, pas à pas, doucement, sans quitter les animaux des yeux tandis qu’ils avançaient vers lui. Au bout d’une minute de cette petite danse, les humains étaient tous regroupés en face de lui, murmurant quelques paroles apaisantes pour l’amadouer.
Parfait. Il chargea à nouveau. Plus que leurs cris de panique, ce fut leurs mines ahuries qui lui réchauffèrent le cœur.
Deux d’entre eux s’empalèrent sur ses cornes, un autre s’accrocha à sa tête pendant quelques secondes avant de lâcher prise et de passer sous ses sabots, broyé.
Il fit demi-tour, en secouant la tête de gauche à droite, sentant les chairs se déchirer sur ses cornes, enivré par l’odeur du sang.
Et il chargea encore. Deux d’entre eux tentaient de se relever pour fuir. Il en empala un par les côtes et piétina la colonne vertébrale de l’autre.
Il s’arrêta finalement, haletant, pour contempler le carnage dont il était l’auteur.
La foule était silencieuse, enfin…
Il ne connaissait pas les règles des humains, mais selon ses propres critères, il semblait qu’il sortait vainqueur de cette rencontre…
"_ Mr Bruti, en tant que président français du club d’organisation des Corridas, qu’avez-vous à dire sur ce drame ?
_ Hé bien, ma foi, nous sommes tous consternés par la tournure des événements, et une enquête a été ouverte pour mettre en évidence les failles liées à la sécurité et nommer les coupables.
_Que va devenir le taureau ?
_ Nous allons devoir l’abattre, il est manifestement beaucoup trop agressif pour participer à ce genre d’événements. Vous savez, tous les taureaux sont différents. C’est comme si certains d’entre eux parvenaient à comprendre les règles de la corrida et la noblesse de ce sport. D’autres n’obéissent à aucune règle, et les accepter dans une arène ne ferait que mettre en danger les toreros. Il est difficile de trouver un taureau qui puisse à la fois donner un beau spectacle et se soumettre au torero au moment propice pour se faire découper les oreilles.
_ Merci monsieur Bruti de bien avoir voulu vous exprimer sur le carnage de Carcassonne…"
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mardi 29 novembre 2011

Les animaux de compagnie

Et si on parlait un peu des animaux de compagnie ?

Parce que c’est toujours marrant de voir les gens qui disent aimer les animaux, se retrouver à tenir le rôle d’esclavagiste.
Prenons les poissons par exemple. Imaginez un poisson rouge dans son bocal.
A mon avis la théorie selon laquelle le poisson ne se souvient pas de ce qu’il a vu après un tour de bocal est juste une espèce de rationalisation pour se donner bonne conscience.
Je suis sûr que le poisson se souvient parfaitement de chacun des 23 687 452 tours de bocal qu’il a fait depuis sa naissance.
C’est comme si le kidnappeur de Natacha Kampusch nous disait un truc comme : «  Oui mais elle était super casanière et elle avait pas beaucoup d’amis »
Alors bien sûr, y a certaines personnes qui vont acheter un aquarium plus grand et ajouter des accessoires. Mais c’est juste pour décorer, on en a rien à foutre des poissons qui sont dedans, sinon ben les poissons, ils seraient dans la mer.
Imaginez vous passer votre vie dans une vitrine de grand magasin avec un mannequin pour seule compagnie. Et quand je dis mannequin, je parle pas de gonzesse anorexique aux joues creuses ( quoique de face, la ressemblance avec un poisson soit frappante ), non, je parle d’un mannequin en plastique avec un casque de scaphandrier qui fait des bulles.
Ca a l’air super, hein ? Ouais moi aussi, j’adore les animaux.
Non, avoir un animal de compagnie, c’est purement et simplement de l’égoïsme.
Et les oiseaux ? Un canari dans une cage, wow. C’est super, j’adore mon canari. Et je suis sympa avec lui, je lui file des graines dès qu’il a faim. Et même des fois, j’ouvre la cage pour qu’il se promène dans mon F1. Parce que je suis quelqu’un de bien qui respecte mon animal. Bon je le laisse pas sortir longtemps parce qu’après il chie partout. Ah ouais, j’ai essayé de le dresser mais ça marche pas alors je suis obligé de le laisser dans sa cage.
Parce qu’après tout c’est fait pour ça un oiseau, et puis son chant est joli, ça ajoute un peu de gaieté dans l’appartement. Enfin des fois c’est chiant parce que j’entends pas la télé, alors je mets un drap sur sa cage comme ça il se tait.
L’autre soir, j’ai rencontré une violoniste dans un bar, je l’ai ramenée chez moi, elle m’a joué 2-3 morceaux et ça m’a tellement plu que je l’ai attachée au radiateur. Magnifique.
Bon elle est pas encore bien dressée, elle demande à sortir et elle hurle encore un peu mais ça va venir. Quand elle fait ce que je lui dit, je lui donne un cookie.
Voilà, donc les poissons, les oiseaux, les hamsters, tout ça. Quand j’étais petit, j’avais des rats. Pas parce que je trouvais que c’était mignon, c’est juste que j’avais lu quelque part que le rat est un animal super intelligent.
Alors j’en ai acheté 2, je les ai mis dans une cage et je les ai observés, attendant qu’ils fassent quelque chose d’intelligent. Mais bon, à part faire de la roue, manger et dormir, ils foutaient pas grand-chose.
En y réfléchissant, c’est normal. Si vous suivez un gars dans sa maison qui ne fait que dormir et regarder la télé, vous pouvez l’attendre la preuve d’intelligence.
J’essayais de les sortir de temps en temps, leur faire découvrir des trucs différents et tout. Et je les remettais dans leur cage quand j’étais pas là. Au cas où certains d’entre vous se demanderaient. Ca, c’est pas la liberté. Ca, c’est de la merde.
C’est là que je me suis dit que les animaux avaient pas besoin de moi pour vivre et qu’ils se débrouillaient très bien dans la nature.
Après, y en a qui vont arriver avec leurs grandes théories et « rationalisations », retenez bien ce mot : rationalisations. C’est quand on est en train de faire une grosse connerie, qu’on le sait mais qu’on s’invente plein de bonnes raisons pour la faire.
Par exemple, les chiens.
Le chien est le meilleur ami de l’homme. Mouhahahahahah. Oui mais l’homme est pas le meilleur ami du chien. Parce que si un gamin mord un chien, on va pas aller piquer le gamin.
J’adorerais être un chien pour passer la journée dans un appartement à attendre mon maître. Pas parce que je l’aime bien mais parce qu’il va me filer à bouffer. Parce qu’on m’a jamais appris à aller chercher à bouffer tout seul. Enfin, j’ai essayé mais je me suis pris des tartes.  Alors du coup je bouffe des croquettes dégueulasses parce que mon maître veut bien prendre soin de moi, mais il va pas non plus me faire à bouffer.
Non, mais c’est sympa et puis il y a la SPA, la société protectrice des animaux. Attention. Si tu tapes sur ton chien ou s’ils jugent que tu le maltraites, ils vont te l’enlever et le mettre en sécurité. A l ‘abri. Dans une cage de 2m², qui pue la merde avec d’autres chiens. Mais c’est provisoire. Parce que si personne vient le chercher, ils l’endorment.
Alors pardon, ils l’endorment, ça veut dire : ils le butent. Non, parce que quand on entend ça, on a l’impression qu’ils vont le poser dans un lit, le border, lui chanter une berceuse et lui caresser la tête avant de lui faire un bisou.
Non, non, non, il vaut mieux imaginer un gros barbu qui l’attrape par derrière et lui brise la nuque avant de le balancer dans une benne à ordures, ça sera plus près de la vérité.
Et si le pauvre chien maltraité est chanceux, s’il prend bien son air de chien battu ( qu’est-ce que c’est mignon un chien malheureux ), il va être adopté, il va changer de maître.
Et si c’est pas déjà fait, il va être stérilisé.
Ouais, mais je préfère largement me prendre une claque dans la gueule de temps en temps plutôt qu’on me coupe les couilles. Mais bon.
Voilà c’était juste pour dire qu’un animal de compagnie, c’est juste une peluche high tech. Rien d’autre. Qui coûte la peau du cul en vaccins et qu’il faut engueuler parce qu’elle fait du bruit.
30 millions d’amis…Ah ah ah… arrête de te foutre de ma gueule…Ouais, moi aussi, j’ai construit une cabane dans mon jardin pour attacher mon meilleur pote. Non parce que sinon, ils va chier dans les platebandes.
30 millions d’amis…Mais bien sûr…Ouais, moi aussi ça me rappelle, ce weekend, on a castré un pote chimiquement pour éviter qu’il se reproduise…non mais c’est la merde sinon, y en a partout.
30 millions d’amis…30 millions d’esclaves on dit. Licence Creative Commons
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