Chaque matin, sur le chemin du boulot, je m’arrête à la boulangerie pour acheter un sandwich. Pour la pause de midi.
Et Lundi, en fouillant dans mes poches pour payer mon pan bagnat ( Vous savez ? Le pan bagnat avec thon/mais/salade/mayo…etc. , genre le repas complet entre deux tranches de pain, le truc qui déchire tout et qui fait saliver rien que d’y penser ) je me suis rendu compte que :
- . J’avais plus de clopes.
- J’avais pas assez pour acheter un pan bagnat ET des clopes.
Alors comme tout individu sensé qui sait définir correctement ses priorités, j’ai acheté un jambon beurre pourri à 2 euros. Sur le moment, c’était la meilleure chose à faire.
Si j’avais pas mon pan bagnat :
1. J’aurais juste fait un peu la gueule en mangeant un vieux jambon beurre rassis.
Si j’avais pas mon paquet de clopes :
1.J’y aurais pensé toute la journée
2. A partir de 10-11h, j’aurais commencé à être un peu nerveux.
3. A 11h30, j’aurais fait le tour des bureaux en vain pour trouver un fumeur, de plus en plus rares en ce moment.
4. A 12h, j’aurais ingurgité mon pan bagnat et aurais probablement eu encore faim.
5. A 12h30, j’aurais engueulé quelqu’un, juste parce que ça fait du bien. Ou peut-être que je lui aurais juste parlé sur cet espèce de ton bizarre, extrêmement cassant, laissant deviner une légère envie d’entendre le bruit de crânes se brisant contre un bon mur en béton bien fait. Pas gentil, quoi.
6. A 13h, je me serais remis au boulot pour une bonne heure à commencer quelque chose, penser à autre chose, recommencer quelque chose d’autre, penser à encore autre chose, tourner en rond et paniquer parce que le travail n’avance pas, puis penser à autre chose.
7. A 15h, j’aurais été fatigué, épuisé d’avoir autant tourné en rond.
Enfin bref, j’aurais…ah…quel con…Ca me fait chier de dire bref maintenant…J’ai l’impression de faire une vieille parodie pourrie.
Donc j’ai acheté mon pan bagnat. Ce qui m’a amené à me demander pourquoi je fumais.
Ca a pas été tout seul, j’ai fini par déduire que c’était parce que j’arrêtais pas. Alors forcément après, je me suis demandé pourquoi j’arrêtais pas.
Déjà j’arrête pas parce que ça ferait trop plaisir à tous ces gens qui me disent que je devrais arrêter et si y a bien un truc que je déteste, c’est qu’on me dise ce que je dois faire. Tu peux raconter ce que tu veux, je vais t’écouter mais ensuite je ferais ce que j’ai envie.
Parce que, mine de rien, fumer c’est un choix. D’accord c’est addictif, d’accord c’est pas facile d’arrêter. Mais c’est un choix. Ma vie est sous ma responsabilité et j’en fais ce que j’en veux. Alors on pourrait dire que c’est une forme d’acte politique, d’indépendance, d’activisme et tout ça.
Seulement je sais un truc : Début 1900, les femmes ne fumaient pas. Les hommes se rejoignaient au fumoir pour partager un cigares pendant que les femmes restaient à la cuisine pour faire la vaisselle.
Puis, un beau jour, des vendeurs de tabac sont allés voir Edward Bernays, le petit neveu de Freud en lui disant : Hé dédé, tu veux pas utiliser ta nouvelle invention, les relations publiques, pour que les femmes se mettent à fumer ?
Edward, il a dit d’accord. Il a embauché une équipe de psychologues pour essayer de comprendre ce que représentait la cigarette dans l’inconscient collectif et il a découvert que la cigarette était un symbole de pouvoir, un symbole phallique ( Tout est un symbole phallique en psychologie Freudienne…).
Il a redit d’accord. Et il a organisé un petit truc. Tous les ans, il y avait une marche dans New York pour célébrer je sais plus quoi. Il a embauché un troupeau de mannequins, leur a filé des clopes et les a balancé dans le cortège en leur disant « Allumez moi ostensiblement ces cigarettes au milieu de la foule » . Ensuite il est allé voir des reporters et il leur a dit « les gars, vous allez pas me croire, c’est un truc de fou, y a un troupeau de gonzesses qui sont en train de fumer des clopes devant tout le monde, même pas honte. ».
Alors les reporters, ils sont allés documenter ça, pendant que Edward Bernays leur glissait à l’oreille des trucs comme « C’est marrant, c’est un peu comme si elles allumaient le flambeau de la liberté ».
Les reporters ont fait « c’est bon ça Coco, je prends » et hop, les ventes de clope ont doublé en même temps que les droits des femmes.
Et c’est marrant du coup parce que argument imparable : fais valoir ta liberté, fume ta clope. Si quelqu’un te dit, arrête, tu vas choper le cancer, on se dit lui, il en veut à ma liberté.
Comme dirait Dieudonné, là ça a glissé de la quenelle de 250 facile.
Alors en sachant ça, pourquoi j’arrête pas ? Ben parce que j’aime bien mon pays et je trouve qu’il faudrait plus de CRS, avec plus de bâtons et que les ministres sont pas assez payés. Quel rapport ?
Ben une bonne partie du prix d’un paquet de cigarettes sert à financer le gouvernement à coups de taxes et tout ça. Et, ce qui est bon, c’est qu’ils peuvent augmenter les prix comme ils veulent, les gens peuvent rien dire. La cigarette c’est pas bien, augmenter les prix va les inciter à arrêter et oh ? Tiens ? Ben ça alors, c’était pas prévu du tout mais on s’en fout plein les poches.
Imaginez un gars accro à l’héroïne ( mais qu’on soit bien d’accord, arrêter de fumer, ça a rien à voir avec arrêter l’héroïne, celui qui arrête pas la clope parce que c’est trop duuuur est une tafiole, entendons nous bien ), vous lui vendez sa drogue et chaque jour vous augmentez les prix. Et là vous allez me dire, c’est complètement con, il va aller acheter son héroïne ailleurs. C’est vrai.
Sauf que la culture du tabac est interdite en France si t’as pas un permis spécial délivré par l’état. Du coup, c’est pas comme le basilic, tu peux pas en mettre dans ton jardin. C’est rigolo, hein ?
Je suis sûr que si les gens faisaient pousser leur propre tabac, y aurait moins de cancers parce que moins de saloperies dedans. Quoiqu’ils vont continuer à respirer des pots d’échappement…
Bon je m’en fous, j’achète mes clopes au Duty Free.
Alors pourquoi j’arrête pas de fumer ?
Parce que ça me ferait grossir ? Ben non, je suis déjà en train de grossir et je suis déjà en train de faire ce qu’il faut pour avoir un poids à peu près correct.
Je sais pas. J’en ai pas envie, c’est tout. J’ai autre chose à foutre.
Pour certains, ça semble être un combat important qui va donner un sens à leur vie, leur permettre de se prouver qu’ils sont capables d’accomplir quelque chose.
Genre si t’as une période de spaspagranchose dans ta vie, arrête de fumer, ça rajoute du défi, de l’aventure. Genre : tu fais quoi en ce moment ? Je suis en train d’arrêter de fumer.
Les gens te regarde, admiratifs, « quel courage ! » , « Wow, il prend vraiment sa vie en main ! », « Je suis content pour lui, regarde comme il rayonne ! ».
D’autres vont se lever un matin et faire : Ok, c’est bon, j’arrête, j’en ai marre et pis j’ai envie d’économiser pour tuner ma twingo, ou pour me faire opérer des cataractes et retrouver la vue ( et c’est rigolo, les deux sont motivés pareil…comme quoi…)
Et d’autres vont le faire par amour, ou parce que leur moitié leur pète vraiment trop les couilles avec ça ( j’utilise cette expression en partant du principe qu’il est possible de péter les couilles à une femme, je voudrais pas discriminer, les hommes aussi sont toutes des salopes…….…hmm…trop loin ? Ouais, trop loin….. )
Donc voilà, chacun ses raisons. J’en ai pas. M’emmerdez pas.
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