samedi 22 octobre 2016

Ma bite et moi


Bon je vais pas essayer de devancer toutes les questions et les interrogations et tout, mais je voudrais quand même expliquer quelques trucs.

Pourquoi ce titre ?

Parce que ça me fait rire. Parce que le mot bite est un mot tout puissant qui permet de faire arrêter une conversation en plein milieu et repartir sur autre chose. Essayez de hurler Bite dans un repas de famille, vous verrez.

Pourquoi ce texte ?

Il y a plusieurs raisons :

_La sexualité et la manière dont on la vit est généralement absente des conversations ( en tout cas des miennes )
_Y a eu pas mal de moments dans ma vie auxquels je repense avec un peu ( voire beaucoup ) de honte et quoi de mieux que de poser tout ça à l’écrit et de le mettre à la vue de tout le monde pour faire disparaître la honte.
_Je sais qu’on vit tous les mêmes expériences à peu de choses près, qu’on a tous eu les mêmes questions à un moment ou à un autre et le fait de les partager ne peut pas faire de mal.
_Y a un espèce de concept d’intimité/ vie intime qui a été inventé à un moment et j’ai l’impression que si je ne garde rien de secret, rien d’intime alors je vais disparaître, devenir transparent, que mon moi sera à tout le monde, que ma personnalité ne m’appartiendra plus. Du coup, le seul moyen de vérifier, c’est d’essayer, parce que je suis curieux. Les couches de l’oignon, tout ça , tout ça...

Pourquoi pourquoi ?

Parce que.

Avant de commencer, je vais devoir décrire 2 forces qui cohabitent en moi, pas nécessairement opposés mais différentes.

L’animal : C’est le côté physique, ce besoin , cette envie, cette énergie qui monte du bas ventre et pousse à la recherche de sensations, de plaisir. Elle me fait penser à un raz de marée, une énergie brute difficile à contrôler qui ne demande qu’à être satisfaite, qu’à ressentir les choses.

L’humain : C’est le côté émotionnel, qui recherche plutôt le relationnel, le partage, l’expérience commune, la validation aussi un peu, l’amour.

Je mettrais bien aussi une 3eme force pour représenter la réflexion, le recul sur soi-même etc… mais on est pas dans Star wars non plus.

Alors oui je sais, il y a des philosophes/thérapeutes/écrivains qui ont déjà décrits ces forces avec d’autres mots plus ou moins compliqués avec plus ou moins de détails. Mais j’ai jamais lu leurs bouquins et ils en ont pas fait de film donc je fais avec ce que j’ai.

Normalement, je devrais arriver à raconter tout ça sans incriminer personne. Il y a des chances que vous appreniez des choses sur moi que vous avez pas envie de savoir donc c’est encore le moment d’arrêter de lire.

Commençons.

Je ne vais pas débuter à l’enfance , ça sera pour plus tard.

En gros, je n’ai pas vraiment eu d’éducation sexuelle. Rien à la maison et j’avais un peu honte d’avouer mon ignorance auprès de mes potes donc je prêtais une attention toute particulière aux conversations sur le sujet tout en esquivant les questions un peu personnelles.

Je me disait qu’avec le temps, juste en écoutant correctement et en recoupant les infos, j’allais bien finir par avoir une vision d’ensemble.

Quelques chiffres :

_J’ai perdu/donné/offert/abandonné ma virginité à l’âge de 18 ans donc bien après mon premier pétard.
_Jusqu'à maintenant, je n’ai pas couché avec plus de 10-15 femmes.
_Ma relation la plus longue a été d’à peu près 8 mois.

Vous allez me dire, 19 ans c’est un peu tard, normalement c’est 12 ans, tout ça, mais je n’ai pas fait de catéchisme alors j’ai pris un peu de retard.

Et aussi, vu que je n’avais absolument aucune référence, pour moi, c’était les films, les livres et la télé qui m’ont aidé à construire l’image des relations que je pouvais attendre avec une femme.

Je suis tombé amoureux quelques fois sans que ça soit réciproque ( où le fait de faire glisser une petite lettre d’amour en cours n’a pas suffit ) et je suis sorti avec quelques filles sans que ça aille jamais bien loin, soit parce que ça me semblait pas être la bonne, soit parce que je me faisait tellement chier que je préfèrais arrêter.

J’ai aussi eu 2 ou 3 occasions où j’ai juste fuit parce que les potentielles candidates n’en étaient manifestement pas à leur première fois ( ni même à leur première fois de la semaine ) et que ça collait pas avec mon idée romantique du truc genre expérience partagée et privilégiée.

Et puis, vers 17 ans, après un séjour au Canada, je me suis dit qu’il était trop tard pour apprendre la guitare, que les autres avaient déjà des années d’avance sur moi et que ça se maitrisait pas du jour au lendemain.

Et je me suis dit que si le sexe était pareil, j’allais jouer du PierPoljak toute ma vie et Satriani serait à jamais hors de portée.

Donc en revenant en France, j’ai abandonné mon idée de grand amour et de femme de ma vie et ai concentré mon énergie sur baiser. En gros, j’ai fait taire l’humain, et privilégié l’animal.

Pour ceux ou celles qui ne sauraient pas ce que c’est d’être un homme, quand on lance le mode animal, on se met en chasse.
Ca devient un jeu. Le but du jeu : Mettre une femme dans son lit.
Tous les moyens sont bons. J’étais un peu novice donc ça a pris un moment et ça a été un travail de longue haleine.

Mais à force de lui dire tout ce qu’elle voulait entendre et d’utiliser tous les outils que j’avais à ma disposition, j’ai fini par en trouver une qui n’était pas trop regardante et qui a daigné m’offrir son corps.

J’ai dit des trucs que je pensais pas , et mis beaucoup d’énergie dans l’histoire mais ai enfin pu arriver à ce fameux moment : La première fois.

Elle était beaucoup plus expérimentée que moi , j’étais très nerveux et avait une très  vague idée de ce qu’il fallait faire et malgré tous mes efforts, je restais mou.

C’est à ce moment-là, où je commençais à désespérer d’arriver à quelque chose, qu’elle a eu cette phrase magnifique, détruisant en un instant les derniers vestiges de romantisme de la situation :

_Tu veux que je te suces ?

Là j’ai compris que la réalité se situait quelque part entre les films d’amour et un bon vieux porno. J’ai poliment refusé, essayant tant bien que mal de sauvegarder un peu de la magie et de la pureté de  l’histoire et ai fini par réussir à accomplir l’acte pendant environ 12 secondes.

Là je me suis senti à la fois content d’en avoir fini avec ça, d’avoir enfin dépassé ce stade et ridicule de fournir une performance aussi médiocre.

Elle a joué le jeu, m’a dit que c’était pas grave, que c’était normal la première fois, que c’était pas la première fois que c’était la première fois pour elle et que ça allait prendre un peu de temps.

Contraints par le temps, on a pas recommencé tout de suite et la fois suivante, plusieurs jours plus tard, ça a été pareil. 12 secondes et paf. Et la fois d’après.

Et puis un jour elle a arrêté de répondre au téléphone, elle était plus dispo, c’était mieux qu’on arrête, tout ça, tout ça.

Donc je suis resté là dessus.

Et ça a continué avec plusieurs femmes par la suite, jusqu’à ce que je me dise que j’avais un problème.

Il faut savoir que l’éjaculation précoce est une expérience extrêmement désagréable : c’est un mélange de honte, de déception et de “je suis vraiment une merde” et la réaction de la partenaire va être extrêmement importante.
Généralement, on essaie de devancer un peu le truc avec des “je suis désolé”, des “d’habitude c’est pas comme ça” ou même un peu d’humour etc… mais ça n’empêche pas le silence gêné.
C’est très difficile de rebondir avec une conversation normale genre “Et sinon comment a été ta journée ?”

Et puis c’est un cercle vicieux parce qu’on se dit : je dois avoir un problème, tout le monde y arrive, pourquoi pas moi ?

Le sexe est une partie importante de la relation et quand ça se passe mal, y a pas grand chose avec quoi compenser.
La plupart des femmes ne sauront pas comment gérer la situation et je me dis qu’elles ont dû demander conseil à leurs copines, ce qui n’a pas forcément arrangé non plus la manière dont je me sentais.
Sans compter celles qui commençaient avec des phrases genre : j’espère que tu vas assurer parce que je suis longue à venir.
A quoi j’avais envie de répondre : T’inquiète pas, je vais pas te faire perdre trop de temps.

Donc j’ai abandonné toutes ces choses là pendant un moment, sans en parler à personne parce que bon, la honte…

Je refusais les avances des femmes intéressées parce que ça aurais mené à rien de toute façon, et que finalement, ça me mettait dans des situations tellement pourries que je préférais éviter.

Je me suis renseigné un peu sur le sujet, Internet commençait à tourner pas mal donc je trouvais des blogs et des articles qui m’ont aiguillé sur différentes méthodes, etc…

Et tous les 6 mois, je refaisais un essai parce que l’animal avait faim et ça marchait pas top.

Jusqu’au jour où je me suis dit que j’allais tenter le tout pour le tout, faire taire l’humain pour une période indéterminée et juste pratiquer.

J’ai donc trouvé une femme pour qui je n’avais absolument aucun sentiment et l’ai ramenée chez moi. Sauf que cette fois, au lieu de me recroqueviller sur moi même comme un vieux testicule tout mou après le premier essai, j’ai remis le couvert.

Il faut dire qu’elle m’y a bien aidé aussi. Ca s’est fait naturellement et ça s’est beaucoup mieux passé.
Et la troisième fois aussi, beaucoup beaucoup mieux.

Et à chaque fois qu’on s’est revus, tout s’est bien passé, ce qui m’a permis de faire péter cette barrière dans ma tête et de comprendre que le sexe, c’est comme tout, ça se pratique.

Je me suis senti libéré d’un poids et ai pu continuer à avancer. Par contre , je ne ressentais rien pour elle donc l’humain a préféré mettre un terme à tout ça.

Parce que même si le sexe est important dans une relation, il n’y a pas que ça.

Et donc j’ai avancé comme ça, avec diverses femmes, et si ça se passait mal une fois avec une ( parce que oui, ça m’arrive encore ), je n’en faisait pas tout un foin et je recommençait.

Je me suis aussi rendu compte qu’avec la plupart des femmes, je n’avais pas envie de recommencer une deuxième fois et là je pense que c’est l’humain qui n’y met pas du sien.

Pour ça, il faut que j’explique un peu comment l’animal se comporte :

Quand l’animal a faim, il faut le nourrir. Tous les moyens sont bons, même les plus stupides et l’alcool n’aide en rien pour relever le niveau.

J’essaie toujours d’appliquer la règle d’or : “ne pas faire aux autres ce que je n’ai pas envie qu’on me fasse”.
Je n’ai donc jamais couché avec une femme marié ou en couple si je savais qu’elle était en couple.
Il y en a au moins une qui a bien fait attention à me le cacher mais là j’y étais pour rien.

Une fois que l’animal est parvenu à ses fins, que l’orgasme a eu lieu et que l’énergie s’est dispersé, alors l’humain reprend le dessus et se retrouve à devoir gérer le merdier.

Y a un petit côté schizophrène à tout ça : On se souvient de ce qu’on a dit, de ce qu’on a fait petit bout par petit bout alors même que la femme en question dort à côté.

Il m’est arrivé de “faire la cour” à une femme pendant plusieurs jours et une fois qu’on avait couché ensemble, de me demander ce que je foutais là, de refaire le point et là , l’humain se dit qu’il va bien falloir prendre ses responsabilités et qu’il vaut mieux tout arrêter là.

Donc, encore une situation désagréable, on essaie d’expliquer comme on peut, des larmes, sans tellement pouvoir dire “ En fait, je viens de me rendre compte que j’avais juste envie de coucher avec toi”.

Et c’est pas tout ça, là ça reste encore correct.

Il m’est aussi arrivé ( là y a un bon paquet de honte aussi ) de dormir chez une copine après une soirée bien arrosée dans une grande ville que je ne nommerais pas pour respecter son intimité et vu qu’on dormait dans le même lit, mais qu’est-ce qui a bien pu me passer par la tête, de commencer à lui caresser le dos pour voir comment elle réagirait.

Et elle a pas réagit ! Je saurais jamais si elle a flippé ou si elle a fait semblant de dormir en espérant que j’arrête d’être con.
Mais arrêter d’être con n’est pas tellement mon truc et comme un gros blaireau, j’ai continué à lui caresser le dos.

Et ça duré des plombes. Et ça fait partie de ces choses incroyablement stupides que j’ai fait dans ma vie, où, à chaque fois que j’y repense , je secoue la tête avec un petit rire nerveux.

Donc pour elle, je pense que je serais à jamais un espèce de pervers et qu’il vaut mieux fermer sa porte à clé si je dors à moins de 150 mètres.

Et la première chose qu’elle a fait en se levant est de changer les draps…genre elle croyait que je m’étais branlé toute la nuit en lui caressant le dos….

Certes, j’aurais pu dire quelque chose, mais j’ai du mal à m’exprimer quand je me sens vraiment très très con.

Je pourrais mettre ça sur le dos de l’alcool mais bon…

Mais à quoi je pensais ?

Il y a facilement 2 ou 3 occasions comme ça dans mon passé où j’ai fait des trucs que je regrette et où j’aimerais juste pouvoir m’asseoir avec les personnes concernées et en parler ouvertement mais ça demande un courage et du temps que je n'ai pas pour l'instant...

Pour moi c’est ça l’animal, cette force qui dit : Vas-y, s’il y a la moindre chance que ça marche ou que ça avance à quelque chose, vas-y . Et une fois qu’on lui laisse la bride libre, ca devient un mécanisme qui s’auto nourrit. Si faire un pas n’a pas marché, vas-y, fais encore un petit pas et un autre….jusqu’à ce qu’on se réveille après tous ces petits pas et que l’humain se dise “mais qu’est-ce que je fous là ? “

L’animal n’est pas forcément mauvais, s’il travaille avec l’humain et que les choses sont claires, ça m’a permis de vivre des tas de situations/nuits agréables aussi, des bons moments. Je me rend compte aussi que certains hommes ont dompté leur animal plus ou moins bien. Certains vont passer la majorité de leur temps avec l’animal aux commandes, d’autres n’entendent même plus l’humain.
Certaines femmes aiment aussi jouer avec l’animal et vont, de manière plus ou moins adroite, le pousser à sortir. Il n’y a absolument aucun problème avec ça, sauf avec les hommes qui n’ont absolument pas maîtrisé/dompté/canalisé leur animal.
Le sexe sans l’animal en gros, c’est la position du missionnaire tous les 2 samedis soirs après 10 ans de couple. ( Ou 1 an, je sais pas , j’ai jamais été jusque là :-) )

Ce qui me fait peur est si la situation n’est pas claire. Je préfère rester seul que de dépenser de l’énergie pour lancer ou faire tenir une relation qui ne fonctionne pas. Aller parler à une femme parce qu’elle est mignonne et qu’elle commence à me raconter la dernière émission de TF1 qu’elle a vu me donne envie de partit en courant. Mais l’animal est lancé : “c’est pas grave, elle a un joli sourire, écoute la musique, pas ce qu’elle dit…”
Et des fois, ça prend plusieurs jours avant que je me rende compte que la personne en face faisait juste super bien semblant d’être ce qu’elle est pas. Et là, il faut arrêter parce qu’on sait que ça marchera pas et ça génère un paquet de déception, de tristesse et de rancoeur qui ne servent à rien. Que de temps perdu….

Du coup, je ne sais pas si c’est l’âge mais l’animal sort beaucoup moins souvent. Par manque de temps, d’envie, d’énergie.
Ou plutôt, je lui ai appris d’autres trucs, toute cette énergie permet de faire d’autres choses, d’atteindre des objectifs plus constructifs.

Voilà, Ca c’est la première partie. Peut-être qu’un jour j’écrirais la deuxième. Ca a un petit côté exhibitionniste tout ça mais je pense que c’est des conversations qu’on devrait pas avoir peur d’avoir tous ensemble surtout quand on est plus jeunes/ados. Licence Creative Commons
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