samedi 21 mars 2020

Après....

 (Ecrit en écoutant Saycet

J'ai failli oublier à quel point mon imagination était à mon service...)

Après...


Le gouvernement vient d'annoncer la fin du confinement. Pour toi, qui n'a pas vécu cette expérience, je voudrais te la partager.

Le premier jour, nous sommes tous descendus dans la rue pour fêter ça, célébrer ce moment, au début tous très timides, sans trop savoir quoi se dire...Plusieurs personnes ont fondu en larmes, et d'autres les ont pris dans leurs bras.


Image trouvée ici

Parce qu'on peut maintenant.

Puis on a ri.

Notre rapport aux émotions a changé. Pendant le confinement, une vidéo sur la manière de vivre ses émotions s'est répandue comme une trainée de poudre. Des milliers de gens se sont essayé au yoga, à la méditation....des groupes de parole en ligne se sont créés et chacun a appris à se confier, à partager ses peurs, ses envies...Chacun a appris à se connaitre....Nous étions tous face à nous-mêmes, et même si ce que nous avons vu au début a été difficile, nous avons fini par nous accepter.
Des milliers de personnes se sont formées à l'écoute active, et ont commencé à appeler des gens au hasard dans le bottin pour leur offrir un quart d'heure d'écoute.
Notre colère, notre frustration, notre tristesse, notre peur ne nous font plus peur.

Maintenant que c'est terminé, beaucoup de choses sont en train de changer.

Tous les fablabs ont lancé un mouvement global pour mettre en open source des plans de machines de première nécessité comme des respirateurs, des brancards, des centrifugeuses pour fabriquer de la chloroquine. La pression est forte de la part de toute la population pour ouvrir tous les brevets sur les équipements qui pourraient sauver des vies.

Des lettres d'excuses et de remerciements fusent de partout pour le personnel soignant. Les gens demandant pardon de ne pas les avoir soutenus avant la crise, alors qu'ils demandaient à l'aide dans les rues. A partir de maintenant, tout membre du corps médical mange gratuitement dans les restaurants, se voit offrir des chambres d'hôtel où qu'ils le souhaitent. Et c'est en train de s'étendre à toutes les personnes qui ont mis leur vie en danger pour prendre soin des autres : livreurs, policiers.

On a compris à quel point il était important de prendre soin les uns des autres. Chacun a pu faire face à ses choix, et définir un plan de vie différent. Beaucoup de divorces, beaucoup de mariages. Finalement le taux de mortalité n'a pas augmenté, les accidents évités et la baisse des décès liés à la pollution a contrebalancé l'effet du virus.

Dans les hôtels réquisitionnés pour les SDF et les réfugiés, le personnel a refusé de les remettre à la rue. Ils se connaissent maintenant. On ne peut pas mettre un ami à la rue. Si le gouvernement peut débloquer 90 milliards pour effacer la dette, il peut débloquer quelques millions pour prendre soin des gens.

Des kiosques apparaissent un peu partout, des kiosques d'écoute, gratuits, tenus par des bénévoles. Parce qu'on a compris à quel point il était important de ne pas confiner ses émotions avec soi.

Le peuple a décidé de commencer à ignorer le gouvernement. Toute décision qui fait primer l'économie sur le vivant est tout simplement ignorée. Les occupations de rond point ont repris de plus belle. Et sont devenus symboles de cercles de partage.

La production d'art a explosé. Tous les artistes ont profité de ce temps pour exprimer leur talent.

Nous savons que ce n'est pas fini, nous sommes conscients que d'autres défis nous attendent mais cette épreuve nous a permis de nous reconnecter à l'essentiel. Nous avons maintenant une base solide pour construire un monde meilleur. Nous avons repris notre pouvoir et on compte bien le mettre au service du vivant. Pas de l'économie.