lundi 26 décembre 2011

Les animaux du cirque ( thème proposé par Véronique ) 2ème partie.


FIDELE
Fidèle se tenait debout sur son tabouret face au cerceau. Il savait parfaitement ce que la dompteuse attendait de lui : Qu’il saute à travers le cerceau et atterrisse sur la plate-forme en face.
Il aurait alors droit à sa friandise. Parfois, il lui suffisait de courir à l’intérieur du cirque, marcher sur ses pattes arrières ou sauter à travers des cerceaux. Rien de compliqué et le jeu en valait la chandelle.
« Allez, hop ! »
Le signal. Fidèle s’élança et atterrit gracieusement sur la plateforme de réception sous les applaudissements de la foule. La dompteuse glissa la main dans sa poche et lui jeta discrètement un morceau de viande séchée. Sa récompense.

FLAVIO
Flavio était fatigué. Après 10 heures de travail acharné, sa compagne, Magalie, lui avait demandé d’aller lui acheter un morceau de tissu à l’autre bout de la ville. Il ouvrit légèrement sa fenêtre pour laisser passer un filet d’air frais et éviter l’endormissement.
Il aurait pu refuser, bien sûr. Elle se serait alors mise à bouder, ne lui aurait pas adressé la parole de la soirée et il aurait fini par y aller le lendemain.
Autant prendre les devants…Peut-être même que cela lui permettrait d’obtenir une partie de sexe. Jamais trop fatigué pour ça…
Magalie finissait toujours par avoir ce qu’elle voulait. Ses phrases favorites ? «Si tu m’aimes vraiment, alors tu dois…. », « Si tu tiens à moi, tu dois le prouver … »,  « Si tu fais ça, tu auras droit à… ».
Flavio monta le volume de l’autoradio.
Cela rendait les choses plus simples pour lui. Il savait ce qu’il devait faire pour entretenir son amour. Des instructions précises. Pratique, même si ce n’était pas toujours agréable. Et puis un couple nécessite de faire des compromis.

FIDELE
Fidèle trottina sur la petite poutre puis s’assit, face à la dompteuse, attendant sa récompense. Elle était tout pour lui, le nourrissait, le lavait, le promenait hors de sa cage de temps en temps.
Et, s’il faisait ce qu’elle lui demandait, lui donnait de succulents morceaux de viande séchée.
Fidèle attrapa la friandise au vol et attendit. Il n’aimait pas la pirouette suivante.
La dompteuse mit le feu à un cerceau et le tendit en face de lui.
« Allez, hop ! »
Fidèle s’élança mais au moment de propulser son corps vers l’avant, sa patte glissa sur le métal chromé du tabouret, raccourcissant son saut de quelques centimètres.
Sa fourrure frotta le bord du cerceau et s’imprégna de liquide inflammable, s’embrasant instantanément. Une odeur de poils grillés envahit le chapiteau, au son des cris paniqués de plusieurs spectateurs.
A peine avait-il touché le sol que la douleur  envahit son flanc et ne sachant que faire pour l’arrêter, il tenta de la fuir. Une couverture, puis une pluie de mains s’abattirent sur lui. Encore plus effrayé, il se tortilla frénétiquement pour échapper à toute cette violence et sortit du chapiteau en piaillant.

FLAVIO
« Mais non ! Je t’avais dit bleu , pas turquoise ! Je ne vais rien pouvoir en faire ! » Magalie ne semblait pas contente du tout.
Flavio, affalé dans le canapé, n’en avait, pour une fois, rien à faire. Trop crevé.
« Il va falloir que tu y retournes. »
Il se tourna vers elle en soupirant :
_ Oui, si tu veux, j’y repasserais demain.
_ Non, pas demain, aujourd’hui ! Si je ne l’ai pas, je ne pourrais pas finir mon rideau et mes parents viennent manger demain midi !
_ Ah non, pas aujourd’hui, je suis claqué.
Magalie s’assit à côté de lui et déposa un baiser sur sa joue.
_Allez, s’il te plait. Si tu m’aimes vraiment…
Flavio explosa.
_ Bon, tu sais quoi ? En fait, je crois que je t’aimes pas vraiment. Si la condition qui va décider de mon amour pour toi ou de ton amour pour moi, c’est le fait d’aller à l’autre bout de la ville chercher un bout de tissu de merde ou non, et bien, je te le dis : je t’aimes pas. Voilà. Salut.
Et il sortit en claquant la porte, bien décidé à trouver un hôtel tranquille, non sans avoir éteint son portable au préalable.

FIDELE
Fidèle erra travers la ville pendant plusieurs jours, fouillant dans les poubelles à la recherche de nourriture. Et étonnamment, il en trouva. Beaucoup. Souvent meilleure que celle de la dompteuse. Fini de sauter à travers des cerceaux, de sauter sur des tabourets. Il trouverait lui-même ses propres friandises maintenant.
Parfois même, il recevait des caresses gratuites, de passants qui ne le connaissait même pas. Et ne demandaient rien en échange…

FLAVIO
Six mois s’étaient écoulés. Il avait récupéré ses affaires, s’était trouvé un appartement et même une nouvelle copine. Et il pouvait rester lui-même. Ils s’aimaient. C’est tout. Pas de conditions. Pas de pirouettes. Ils s’appréciaient pour ce qu’ils étaient. Et lorsqu’il voulait lui prouver son amour, il choisissait lui-même comment le faire.
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dimanche 25 décembre 2011

Les animaux du cirque (Thème proposé par Veronique ) 1ère partie.


ALBERT
Albert l’éléphant venait de naître. Il se leva péniblement puis retomba contre l’énorme patte de sa mère. Il allait devoir prendre des forces avant de pouvoir explorer le monde.
Peu à peu, il parvint à se mettre debout et à marcher. Il parcourut quelques mètres sans toutefois trop s’éloigner de sa mère.
Après quelques jours, gagnant en confiance, il se dirigea vers la porte du chapiteau pour voir d’où provenait toute cette lumière. Il s’approcha de l’ouverture, frémissant d’excitation et fut stoppé net. Une de ses pattes arrières refusait d’aller plus loin.
Une longue corde accrochée à un piquet l’empêchait d’avancer. Albert tira de toutes ses forces, se démena, poussant de longs barrissements désespérés. Si près du but…Pourquoi…
Il se rapprocha du pieu planté dans le sol et tenta de l’arracher avec sa trompe. Il prit de l’élan et tenta de rompre la corde en courant le plus vite possible dans la direction opposée.
Il passa des jours entiers, des semaines à tenter de se débarrasser de cette corde.
Sans succès.
Puis il se rendit compte que sa mère, elle aussi, avait une corde attachée à sa patte.

ALEXIS
Alexis commençait tout juste à se promener à quatres pattes, galopant de pièce en pièce, faisant courir ses parents.
« Ne vas pas par là ! »
« Reste ici ! »
Puis il apprit à marcher, et commença à explorer la maison. Ouvrir des portes. Découvrir des pièces inconnues.
Un jour, au cours de l’une de ses explorations, il s’accrocha à un fil qui pendait et un bloc de métal brûlant lui tomba sur l’épaule, lui marquant la joue au passage.
Il hurla, sa mère hurla. Lui de douleur, elle de peur.
« Arrête de toucher à tout ! Mais c’est pas possible ! C’est dangereux ! Quand je te dis de rester vers moi, tu restes vers moi ! »
Après cela, il resta trois semaines auprès de sa mère sans oser explorer à nouveau. Mais sa curiosité fut la plus forte, et un jour, il ouvrit la porte d’entrée et se retrouva dans le jardin.
Presqu’aussitôt, sa mère accourut pour l’attraper et lui flanquer une fessée, tout en criant : « Ca va pas non ? C’est dangereux dehors. Dangereux. Tu te souviens pas du fer à repasser ? Tu veux encore te faire du mal, c’est ça ? Une cicatrice sur la joue, ça te suffit pas ? »
C’est dangereux dehors… Dangereux…
Il tenta encore une ou deux fois de satisfaire sa curiosité, mais à chaque fois, sa mère le rattrapait et lui rappelait tous les malheurs qui l’attendaient s’il s’aventurait seul dans le monde.

ALBERT
20 ans avaient passé. Albert regardait passer les badauds en balançant la tête, attrapant de la trompe les cacahuètes qu’ils voulaient bien lui offrir. Il mesurait maintenant 3 mètres au garrot et dépassait presque la hauteur de sa mère.
Lorsqu’il n’y avait aucun visiteur, il se contentait de fixer la porte, se demandant ce qu’il pourrait faire à l’extérieur si cette stupide corde ne l’empêchait pas de sortir.
Toujours la même corde, attachée au même pieu. Depuis vingt ans. Voilà de quoi dépendait sa liberté…

ALEXIS
Alexis verrouilla la porte de son bureau et prit l’ascenseur pour rejoindre sa voiture au 2ème sous-sol du parking souterrain. Il avait hâte. Dans sa voiture l’attendait son album de  Bach, concerto pour deux violons en D mineur. Le seul CD qu’il possédait. Mais il n’avait besoin que de ça pour se détendre.
Il entrerait dans sa voiture, enclencherait le contact, laissant le doux son des violons emplir l’habitacle et n’en sortirait qu’une fois dans son propre garage.
Voilà à quoi se résumait sa vie : travail, maison, travail, maison. Il faisait même ses courses sur internet.
Il n’aimait pas sortir, dès qu’il mettait un pied dehors, une impression de danger imminent lui étreignait le cœur. Rien ne valait la sécurité de son foyer, son salon, son lit.
Dehors, il n’y avait que des maladies, des crimes, de la souffrance et de la misère.

ALBERT
La nuit venait de tomber. Une pluie violente battait sur la toile du chapiteau, poussée par de puissantes bourrasques. Les éléphants étaient nerveux, ils détestaient les tempêtes, qui rendaient si bruyant leur environnement d’habitude si tranquille.
Albert trépignait, se demandant quels horribles monstres pouvaient bien rôder à l’extérieur, se jetant sur la toile…
Soudain un éclair s’abattit sur le pilier principal du chapiteau dans un fracas assourdissant.
Albert sursauta et se rua vers la porte du chapiteau.  Les monstres étaient à l’intérieur. Plus rien ne pouvait les protéger désormais. Il sentit à peine la tension de la corde sur sa patte lorsqu’elle tenta de le retenir puis céda dans un claquement sec.
Pris de panique, il courut plusieurs centaines de mètres, manquant écraser le personnel du cirque qui se trouvait sur son passage.
Après quelques minutes de course, il se calma enfin, abasourdi d’être enfin seul, à l’extérieur, libre. Et il comprit. Il comprit que la corde qui le retenait était restée la même, alors que lui avait grandi. Et il comprit où avait été son erreur. Il avait arrêté d’essayer.

ALEXIS
« Tôt ce matin, dans un quartier résidentiel de Flupertu-les-Pomplenec, un homme a été retrouvé mort dans sa maison. Alexis Bouernier était un homme plutôt casanier, d’après ses voisins. Ils le disaient étrange, il ne sortait jamais de chez lui .
Le facteur a été alerté par l’odeur lors de sa tournée quotidienne, et ne recevant aucun réponse après avoir frappé à plusieurs reprises, il a décidé de prévenir les secours.
Son patron ne l’avait plus vu depuis 2 semaines, sans que cela ne l’inquiète véritablement. Il travaillait aux archives, dit-il, Alexis arrivait tôt le matin, repartait tard le soir, une fois je ne l’ai pas vu pendant un mois entier.
D’après les secours envoyés sur place, Alexis se serait électrocuté avec un fer à repasser défectueux… »
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dimanche 4 décembre 2011

Le compost, vu par un trognon de pomme ( Thème de Malo )


Jour 1
Que suis-je ? Quel est le but de ma vie ? Je sens le soleil sur mes pétales…C’est agréable…J’ai l’impression que le temps s’est arrêté…
Jour 2
Je suis une fleur. Voilà quel était l’objectif de ma vie…Grandir et, de petit bourgeon, devenir une magnifique fleur. La vie est merveilleuse. Rien ne peut m’arriver…Une abeille s’est posée sur moi et a emmené un peu de mon pollen.
Jour 5
Un de mes pétales est tombé. J’ai perdu un morceau de moi-même sans aucun espoir de le récupérer un jour. Que se passe-t-il ? Suis-je encore une fleur ? …C’était juste un accident…
Jour 7
Je n’ai plus qu’un pétale…les autres aussi sont tombés, j’ai essayé de m’y accrocher, sans succès. Ils m’ont échappé. J’ai l’air ridicule…je n’ai plus rien d’une fleur…Mon corps est en train de gonfler…je vais exploser et ce sera la fin…
Jour 12
Je n’arrête pas de grossir, je n’ai plus de pétale… Que se passe-t-il ? Vais-je mourir ? Je suis de plus en plus lourde…Qu’ai-je fait pour mériter ça ? Comment l’arrêter ?
Jour 14
Je viens de comprendre ! Je suis une pomme ! Un fruit ! La branche ploie sous mon poids…Le soleil se reflète sur ma peau écarlate. Je sais maintenant ce que je suis ! Sans l’ombre d’un doute ! Je continue à me balancer mollement au gré du vent. Quelle vie magnifique. J’aperçois plein de mes sœurs sur d’autres arbres au loin.
Jour 18
Je suis tombée… Je suis devenue trop lourde, la branche m’a lâchée. Je suis perdue…Je ne vois plus rien…Que de la terre…de l’herbe…Est-ce la fin ? Au moins je suis encore entière mais que dois-je faire maintenant ? Je ne peux plus accomplir mon rôle de pomme et me balancer sur ma branche...Je suis inutile…
Jour 21
Quelqu’un m’a ramassée…Je suis en exposition sur une table avec d’autres fruits…Ils ont dû me choisir parce que j’étais la plus belle pomme…J’ai une place de choix, je vois tout ce qui se passe autour…Tous ces animaux étranges…C’est magnifique…Je suis un objet de décoration…
Jour 23
Je ne suis plus rien…Un animal m’a pris et m’a arraché toute ma chair…Je ne suis plus ronde et rouge comme avant…Ma peau a disparu…Je ne pourrais jamais plus décorer quoi que ce soit…Ma vie est finie…Je n’ai plus rien à attendre… Je suis perdue au milieu des déchets…Des épluchure de carottes…De la mauvaise herbe…
Jour 24
Je me décompose…Je me flétris…C’est donc ainsi que ça se termine…
Jour 27
Je pourris inexorablement, comme tout ce qui est autour de moi…Il n’y a pas de retour en arrière…Je ne suis qu’un vulgaire détritus…Un ver m’a encore arraché un bout tout à l’heure…
Jour 29
Les moisissures recouvrent mon corps…Je me désagrège…ne pèse plus rien…C’est la mort…Je ne suis plus qu’un pépin, enterré dans un tas d’ordures…Ma coquille se fend peu à peu…
Jour 350
Je viens de comprendre ! Je suis un arbre ! Et je grandis chaque jour !
Jour 1378
Je viens d’avoir mes premières fleurs…Si elles savaient ce qui les attend…
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mercredi 30 novembre 2011

Tauromachie ( thème proposé par Véronique )


Un fin rayon de lumière filtrait à travers les lattes de son enclos. Ce dernier était si étroit que ses flancs reposaient contre les parois et si court qu’il ne pouvait ni avancer, ni reculer, sans parler de se coucher…
Peinant à respirer par cette chaleur étouffante, il se léchait régulièrement le museau pour tenter de récupérer quelques gouttes d’humidité. Les clameurs de la foule résonnaient en un grondement continu, effrayant, entrecoupé de « Olé !!! » qui le faisait sursauter.
Sa nervosité grandissait, frustré de ne pouvoir ruer pour se libérer de cette cage en bois, de ne pouvoir bouger d’un pas.
Un claquement retentit derrière lui, sans qu’il put en déterminer la source et la luminosité augmenta quelque peu.
Soudain, une douleur fulgurante envahit sa cuisse gauche, lui arrachant un meuglement désespéré et la porte s’ouvrit, béante, laissant pénétrer une lumière aveuglante.
Il profita de cette occasion pour se propulser à l’extérieur, laissant sa rage si longtemps contenue s’exprimer, soufflant et ruant, le regard fou.
La foule hurlait de plus belle, tout autour de lui, sans qu’il ne comprenne rien à ce qu’elle tentait de lui dire.
Mais l’énergie qui l’habitait ne semblait vouloir se dissiper, il voulait détruire quelque chose, avait besoin de sentir une résistance pour l’anéantir.
Il tournait, ruait, cherchant un obstacle lorsqu’il aperçut quelque chose qui s’agitait au loin. La cible parfaite. Un humain. Un bourreau. Un monstre.
Et il chargea, forçant ses pattes puissantes à projeter son corps vers l’avant, gagnant en vitesse à chaque mètre parcouru, soulagé d’avoir enfin un objectif vers lequel orienter sa rage.
Plus que quelques mètres.
Soudain, la moitié de sa cible sembla s’évanouir dans l’air, disparaissant sans laisser de trace. Instinctivement, il bascula légèrement sur la droite pour tenter d’accrocher le morceau qui restait.
Deux choses arrivèrent simultanément : D’abord, quelque chose s’enfonça entre ses omoplates, diffusant une onde de douleur dans sa colonne vertébrale. Puis sa corne droite accrocha l’humain, qui poussa un hurlement de douleur. Le poids soudain sur sa tête firent saillir les muscles de son cou, sans toutefois le ralentir.
Fou de rage, il secoua la tête, sentant le corps de son bourreau se trémousser pour tenter de se dégager, frappant son front de ses petits poings ridicules.
Il le jeta à terre, tel un vulgaire sac et le piétina allègrement sentant les os se briser sous ses sabots tandis que le sang du monstre se répandait sur le sable brûlant.
D’autres humains s’approchaient maintenant, lentement en agitant des morceaux de tissu. Mais il était calmé, et ivre de satisfaction d’avoir annihilé son pire cauchemar, il se préparait à renouveler l’opération.
Il recula, pas à pas, doucement, sans quitter les animaux des yeux tandis qu’ils avançaient vers lui. Au bout d’une minute de cette petite danse, les humains étaient tous regroupés en face de lui, murmurant quelques paroles apaisantes pour l’amadouer.
Parfait. Il chargea à nouveau. Plus que leurs cris de panique, ce fut leurs mines ahuries qui lui réchauffèrent le cœur.
Deux d’entre eux s’empalèrent sur ses cornes, un autre s’accrocha à sa tête pendant quelques secondes avant de lâcher prise et de passer sous ses sabots, broyé.
Il fit demi-tour, en secouant la tête de gauche à droite, sentant les chairs se déchirer sur ses cornes, enivré par l’odeur du sang.
Et il chargea encore. Deux d’entre eux tentaient de se relever pour fuir. Il en empala un par les côtes et piétina la colonne vertébrale de l’autre.
Il s’arrêta finalement, haletant, pour contempler le carnage dont il était l’auteur.
La foule était silencieuse, enfin…
Il ne connaissait pas les règles des humains, mais selon ses propres critères, il semblait qu’il sortait vainqueur de cette rencontre…
"_ Mr Bruti, en tant que président français du club d’organisation des Corridas, qu’avez-vous à dire sur ce drame ?
_ Hé bien, ma foi, nous sommes tous consternés par la tournure des événements, et une enquête a été ouverte pour mettre en évidence les failles liées à la sécurité et nommer les coupables.
_Que va devenir le taureau ?
_ Nous allons devoir l’abattre, il est manifestement beaucoup trop agressif pour participer à ce genre d’événements. Vous savez, tous les taureaux sont différents. C’est comme si certains d’entre eux parvenaient à comprendre les règles de la corrida et la noblesse de ce sport. D’autres n’obéissent à aucune règle, et les accepter dans une arène ne ferait que mettre en danger les toreros. Il est difficile de trouver un taureau qui puisse à la fois donner un beau spectacle et se soumettre au torero au moment propice pour se faire découper les oreilles.
_ Merci monsieur Bruti de bien avoir voulu vous exprimer sur le carnage de Carcassonne…"
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mardi 29 novembre 2011

Les animaux de compagnie

Et si on parlait un peu des animaux de compagnie ?

Parce que c’est toujours marrant de voir les gens qui disent aimer les animaux, se retrouver à tenir le rôle d’esclavagiste.
Prenons les poissons par exemple. Imaginez un poisson rouge dans son bocal.
A mon avis la théorie selon laquelle le poisson ne se souvient pas de ce qu’il a vu après un tour de bocal est juste une espèce de rationalisation pour se donner bonne conscience.
Je suis sûr que le poisson se souvient parfaitement de chacun des 23 687 452 tours de bocal qu’il a fait depuis sa naissance.
C’est comme si le kidnappeur de Natacha Kampusch nous disait un truc comme : «  Oui mais elle était super casanière et elle avait pas beaucoup d’amis »
Alors bien sûr, y a certaines personnes qui vont acheter un aquarium plus grand et ajouter des accessoires. Mais c’est juste pour décorer, on en a rien à foutre des poissons qui sont dedans, sinon ben les poissons, ils seraient dans la mer.
Imaginez vous passer votre vie dans une vitrine de grand magasin avec un mannequin pour seule compagnie. Et quand je dis mannequin, je parle pas de gonzesse anorexique aux joues creuses ( quoique de face, la ressemblance avec un poisson soit frappante ), non, je parle d’un mannequin en plastique avec un casque de scaphandrier qui fait des bulles.
Ca a l’air super, hein ? Ouais moi aussi, j’adore les animaux.
Non, avoir un animal de compagnie, c’est purement et simplement de l’égoïsme.
Et les oiseaux ? Un canari dans une cage, wow. C’est super, j’adore mon canari. Et je suis sympa avec lui, je lui file des graines dès qu’il a faim. Et même des fois, j’ouvre la cage pour qu’il se promène dans mon F1. Parce que je suis quelqu’un de bien qui respecte mon animal. Bon je le laisse pas sortir longtemps parce qu’après il chie partout. Ah ouais, j’ai essayé de le dresser mais ça marche pas alors je suis obligé de le laisser dans sa cage.
Parce qu’après tout c’est fait pour ça un oiseau, et puis son chant est joli, ça ajoute un peu de gaieté dans l’appartement. Enfin des fois c’est chiant parce que j’entends pas la télé, alors je mets un drap sur sa cage comme ça il se tait.
L’autre soir, j’ai rencontré une violoniste dans un bar, je l’ai ramenée chez moi, elle m’a joué 2-3 morceaux et ça m’a tellement plu que je l’ai attachée au radiateur. Magnifique.
Bon elle est pas encore bien dressée, elle demande à sortir et elle hurle encore un peu mais ça va venir. Quand elle fait ce que je lui dit, je lui donne un cookie.
Voilà, donc les poissons, les oiseaux, les hamsters, tout ça. Quand j’étais petit, j’avais des rats. Pas parce que je trouvais que c’était mignon, c’est juste que j’avais lu quelque part que le rat est un animal super intelligent.
Alors j’en ai acheté 2, je les ai mis dans une cage et je les ai observés, attendant qu’ils fassent quelque chose d’intelligent. Mais bon, à part faire de la roue, manger et dormir, ils foutaient pas grand-chose.
En y réfléchissant, c’est normal. Si vous suivez un gars dans sa maison qui ne fait que dormir et regarder la télé, vous pouvez l’attendre la preuve d’intelligence.
J’essayais de les sortir de temps en temps, leur faire découvrir des trucs différents et tout. Et je les remettais dans leur cage quand j’étais pas là. Au cas où certains d’entre vous se demanderaient. Ca, c’est pas la liberté. Ca, c’est de la merde.
C’est là que je me suis dit que les animaux avaient pas besoin de moi pour vivre et qu’ils se débrouillaient très bien dans la nature.
Après, y en a qui vont arriver avec leurs grandes théories et « rationalisations », retenez bien ce mot : rationalisations. C’est quand on est en train de faire une grosse connerie, qu’on le sait mais qu’on s’invente plein de bonnes raisons pour la faire.
Par exemple, les chiens.
Le chien est le meilleur ami de l’homme. Mouhahahahahah. Oui mais l’homme est pas le meilleur ami du chien. Parce que si un gamin mord un chien, on va pas aller piquer le gamin.
J’adorerais être un chien pour passer la journée dans un appartement à attendre mon maître. Pas parce que je l’aime bien mais parce qu’il va me filer à bouffer. Parce qu’on m’a jamais appris à aller chercher à bouffer tout seul. Enfin, j’ai essayé mais je me suis pris des tartes.  Alors du coup je bouffe des croquettes dégueulasses parce que mon maître veut bien prendre soin de moi, mais il va pas non plus me faire à bouffer.
Non, mais c’est sympa et puis il y a la SPA, la société protectrice des animaux. Attention. Si tu tapes sur ton chien ou s’ils jugent que tu le maltraites, ils vont te l’enlever et le mettre en sécurité. A l ‘abri. Dans une cage de 2m², qui pue la merde avec d’autres chiens. Mais c’est provisoire. Parce que si personne vient le chercher, ils l’endorment.
Alors pardon, ils l’endorment, ça veut dire : ils le butent. Non, parce que quand on entend ça, on a l’impression qu’ils vont le poser dans un lit, le border, lui chanter une berceuse et lui caresser la tête avant de lui faire un bisou.
Non, non, non, il vaut mieux imaginer un gros barbu qui l’attrape par derrière et lui brise la nuque avant de le balancer dans une benne à ordures, ça sera plus près de la vérité.
Et si le pauvre chien maltraité est chanceux, s’il prend bien son air de chien battu ( qu’est-ce que c’est mignon un chien malheureux ), il va être adopté, il va changer de maître.
Et si c’est pas déjà fait, il va être stérilisé.
Ouais, mais je préfère largement me prendre une claque dans la gueule de temps en temps plutôt qu’on me coupe les couilles. Mais bon.
Voilà c’était juste pour dire qu’un animal de compagnie, c’est juste une peluche high tech. Rien d’autre. Qui coûte la peau du cul en vaccins et qu’il faut engueuler parce qu’elle fait du bruit.
30 millions d’amis…Ah ah ah… arrête de te foutre de ma gueule…Ouais, moi aussi, j’ai construit une cabane dans mon jardin pour attacher mon meilleur pote. Non parce que sinon, ils va chier dans les platebandes.
30 millions d’amis…Mais bien sûr…Ouais, moi aussi ça me rappelle, ce weekend, on a castré un pote chimiquement pour éviter qu’il se reproduise…non mais c’est la merde sinon, y en a partout.
30 millions d’amis…30 millions d’esclaves on dit. Licence Creative Commons
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