mardi 11 mai 2021

Front de Libération du Temps : Encore une manifestation

 Paris, Métro Ligne 1, entre Chatelet et Hôtel de Ville, 15h25

Une vingtaine de personnes sont réunies dans le wagon pour tirer au sort la station qu'ils vont inonder. Sophie tombe sur Saint-Paul, pas super loin, elle aura tout le temps de se préparer avant 16h.

Bourges, Rue des Arènes, 15h 50

Basile, Joséphine et Ahmed se retrouvent au coin de la rue du Commerce pour se préparer. Ils n'ont qu'une seule enceinte bluetooth et ont dû improviser en fabriquant des cônes en carton pour créer des haut-parleurs.
Rapidement, ils enfilent leur mini costume d'hommes sandwichs, 2 panneaux de carton reliés par des ficelles, qui affiche le lien vers l'émission "www.maintenant.fr" et se positionnent à 150m les uns des autres pour couvrir toute la rue.

France, sur tout le territoire, 15h55

Dans les centres commerciaux, les rues, les transports publics, les musées, les parcs, sur les places de village, aux terrasses des cafés, plus de 2000 manifestants se préparent, connectant leur téléphone au wifi, à leurs enceintes bluetooth.
Certains dans leurs voitures, ont monté le son à fond et attendant impatiemment 16h.
José, à l'accueil dans une grande enseigne, s'est rapproché du micro d'annonce, prêt à lancer la diffusion. Il va probablement y perdre son boulot, mais il s'en fout, c'est payé au lance pierres, et c'est quand même beaucoup plus rigolo de faire ça.
En tout, 3500 personnes sont connectées sur le site pour entendre l'émission.

A 15h59, tous poussent le volume de leur téléphone à fond et le brandissent bien haut pour qu'un maximum de gens entendent.

www.maintenant.fr, 16h

Bonjour. Ce message est diffusé en multicanal sur www.maintenant.fr . Si vous le transmettez, c'est que vous l'approuvez. Si vous l'entendez, c'est que la personne qui la diffuse près de vous l'approuve. Si vous l'approuvez, nous vous encourageons à vous aussi le diffuser, soit maintenant, soit Samedi prochain à 16h.

Vous, comme moi, comme nous tous, n'avons plus assez de temps. Nous le passons à courir après l'argent pour nous nourrir, nous et notre famille, pour payer notre logement, pour enfin nous payer des vacances loin d'ici et nous offrir l'illusion de décompresser, de nous détendre, pour nous replonger à nouveau dans cette vie quotidienne qui nous ronge peu à peu, sans aucun sens.
Nous nous retrouvons à courir, sans cesse, de plus en plus vite pour joindre les deux bouts, pour maintenir notre confort, à nous épuiser pour finalement avoir la chance de nous poser une ou deux heures, chaque soir, dans notre canapé ou devant un écran pour se vider le cerveau.
A courir sans arrêt, nous fabriquons nos propres oeillères, passant d'objectif en objectif, la prochaine journée, le prochain projet, aller chercher les enfants, préparer à manger, le prochain chantier, la prochaine fiche de paye, sans jamais prendre le temps d'observer le monde qui nous entoure, de le regarder vraiment.
Parce que lorsqu'on le fait, ça nous fait peur. Nous avons passé tellement de temps à l'ignorer que lorsque nous prenons un moment pour ralentir, la réalité s'impose à nous, provoquant ce sentiment d'enfermement, d'impuissance, d'anxiété qui nous pousse à remonter dans notre roue de hamster pour pédaler à nouveau.
Lorsqu'on s'arrête pendant suffisamment longtemps, lorsqu'on lève notre nez du guidon, alors on se rend compte que nos actions, enfilées les unes après les autres, n'ont aucun sens. Notre entreprise ne produit rien d'utile, ne contribue pas à diminuer la souffrance de ce monde. Notre tout nouveau SUV ne nous procure pas le bonheur que la publicité nous assurait. Nos relations avec nos proches sont superficielles, sans profondeur.
Et pire, encore, lorsque l'on regarde encore plus loin, la planète est en train de brûler, la vie s'éteint peu à peu et les probabilités que nos enfants atteignent le même âge que nous diminuent de jour en jour et nous contribuons activement à cette destruction, en atteignant un par un nos objectifs dénués de sens, pour nous donner l'illusion d'aller quelque part.

Si vous entendez ce message, c'est que la personne qui la diffuse l'approuve. Regardez cette personne, regardez qui elle est. Comme vous, elle ressent toutes ces émotions, toutes ces peurs, cette angoisse à l'idée de se retrouver dans un cul de sac existentielle. Comme vous, elle ne sait pas comment ça va finir.
Mais comme elle, vous pouvez décider de ralentir quand même, de sortir de votre roue de hamster suffisamment longtemps pour vous confronter à ces émotions et les laisser vous traverser.
Comme elle, vous pouvez chercher quel sens redonner à vos actions, et dépasser cette impuissance, reprendre votre pouvoir pour agir en conscience et façonner votre monde.
Cette personne est là pour vous. Si vous approuvez ce message, allez lui parler.


Ce message est diffusé en multicanal sur www.maintenant.fr . Si vous le transmettez, c'est que vous l'approuvez. Si vous l'entendez, c'est que la personne qui la diffuse près de vous l'approuve. Si vous l'approuvez, nous vous encourageons à vous aussi le diffuser. A Samedi prochain, 16h.

France, sur tout le territoire, 16h03

Ici et là, plusieurs émetteurs ont les larmes aux yeux, et ne peuvent se retenir de fondre en larmes lorsqu'un passant s'arrête pour les regarder comme le message le suggère. Mais ils continuent à brandir bien haut leur téléphone, pour que les autres entendent.

Peu à peu, un attroupement se crée pour écouter le message. Certains applaudissent. D'autres s'énervent, lancent des insultes et s'en vont.

www.maintenant.fr, Samedi suivant, 15h59

7580 personnes sont connectées sur www.maintenant.fr pour entendre et diffuser le message. 3600 personnes sont descendues dans les rues, brandissant bien haut leur téléphone pour que tout le monde entende.

People raising smartphones

 

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